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françois bousquet - Page 47

  • Qui veut lyncher les dissidents ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un excellent article de François Bousquet, cueilli sur le site de Valeurs actuelles et consacré à l'affaire "Richard Millet"...

     

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    Qui veut lyncher les dissidents ?

    Qui l’eût cru ? Vingt ans après la chute de l’Union soviétique, des dissidents réapparaissent… Mais cette fois à l’Ouest, où de nouveaux censeurs prétendent leur interdire de s’exprimer. Visés en cette rentrée : Richard Millet et Renaud Camus, deux des plus grands écrivains français.

    « Je ne partage pas vos idées, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous puissiez les exprimer », disait Voltaire. Heureuse époque que celle de l’auteur du Traité sur la tolérance, car aujourd’hui il ne suffit pas de combattre les idées des autres, encore faut-il les faire interdire. L’écrivain Richard Millet vient d’en faire l’expérience, lui qui a fait paraître, coup sur coup, aux Éditions Pierre-Guillaume de Roux, deux essais à rebours de la pensée dominante (De l’antiracisme comme terreur littéraire et Langue fantôme) et un récit qui ne l’est pas moins, puisqu’il y est question de la grande mosquée qui se dresse désormais à Rotterdam : Intérieur avec deux femmes. Quel crime a-t-il commis ? Il a consacré à la fin de Langue fantôme, magnifique méditation sur la paupérisation de la langue, une vingtaine de pages au tueur d’Oslo, intitulée de façon délibérément provocante Éloge littéraire d’Anders Breivik.

    Millet a beau condamner catégoriquement (comment imaginer qu’il en soit autrement ? ) le geste de Breivik, voir en lui « le symptôme monstrueux de la décadence et de la perte de sens de l’Europe », les professionnels de l’indignation se sont empressés de le transformer en avocat de la “cause” du Norvégien et de réclamer sa “peau”.

    Ce qu’ils ne lui pardonnent pas ? S’être attaqué sans détour ni artifice aux méfaits du multiculturalisme. Symptôme, Breivik est aussi prétexte. Mais plutôt que d’affronter Millet sur le terrain du débat, ils ont choisi de le lyncher, médiatiquement s’entend, opération menée en meute, car on ne se livre jamais seul à cette sorte de chasse à l’homme, qui, bien conduite, doit s’achever par la mise à mort du “coupable” (fût-elle symbolique).

    Dans les Démons, Dostoïevski consacre des pages extraordinaires au sujet. « Partant d’une liberté illimitée, je conclus à un despotisme illimité », dit même l’un des personnages. On ne saurait mieux définir la conception à géométrie variable que les gardiens de la pensée unique se font de la liberté d’expression.

    Mais Millet n’en a que faire. Il ne se contente pas d’écrire divinement bien, il fait preuve de cette chose naguère très répandue, mais qui, de nos jours, se fait aussi rare dans les rues que les voitures à cheval : le courage, comme les dissidents soviétiques en leur temps. Peut être s’est-il d’ailleurs souvenu du célèbre discours prononcé par Alexandre Soljenitsyne à Harvard, en 1978, où l’auteur de l’Archipel du goulag fustigea ce qu’il appela « le déclin du courage », à ses yeux « le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui ». On ne parlait pas encore de politiquement correct et la dissidence était réservée aux grandes voix qui, de l’autre côté du Mur, s’élevaient contre le Moloch totalitaire. Le communisme est mort à l’Est, mais il a été remplacé à l’Ouest par l’antiracisme, dont Alain Finkielkraut a dit qu’il était « le communisme du XXIe siècle ».

    Le philosophe voulait dire par là que l’antiracisme est devenu une idéologie de substitution au marxisme : la continuation du trotskisme par d’autres moyens – construire une société sans discrimination ni frontière, dans laquelle l’homme serait un agneau pour l’homme. Un vrai conte de fées. La Fontaine se serait contenté d’en tirer une fable. D’autres en ont fait une religion : l’« antiracisme dogmatique », selon l’expression de Léon Poliakov, le meilleur spécialiste du sujet.

    Cette religion a tellement été intériorisée qu’elle fonctionne sous le régime du consentement et de l’unanimité. Malheur aux réfractaires, dont l’irremplaçable Éric Zemmour. Cela fait quelque temps que le chroniqueur à RTL, au Figaro Magazine et au Spectacle du monde n’est plus seul. Mais le voici aujourd’hui rejoint par ce qui se fait de mieux en France, littérairement parlant : Richard Millet et Renaud Camus, devenus en l’espace de quelques semaines “ceux que la gauche adore détester”, un peu comme dans les “deux minutes de la haine”, rituel quotidien du célèbre roman de George Orwell, 1984, durant lequel la population est invitée à déverser sa haine pendant quelques minutes contre les “ennemis du Parti”.

    Car pour avoir appelé à voter Marine Le Pen à la dernière présidentielle, Renaud Camus (qui n’a rien à voir avec Albert Camus) a lui aussi été pareillement lynché. Ses éditeurs, les maisons P.O.L et Fayard, ont dans la foulée rompu les contrats qui les liaient à lui. Jérôme Garcin, directeur des pages culturelles du Nouvel Obs et producteur du Masque et la Plume, s’est alors fendu d’un billet rédigé dans un langage de charretier, s’achevant par un très élégant : « Il serait temps aussi qu’il fermât sa gueule » !

    Rien ne prédisposait pourtant Millet et Camus à devenir des dissidents. Éditeur attitré de deux prix Goncourt (les Bienveillantes, de Jonathan Littell, et l’Art français de la guerre, d’Alexis Jenni), Millet est membre à part entière du très prestigieux comité de lecture des éditions Gallimard. Quant à Camus, longtemps proche des avant-gardes, ami de Roland Barthes et d’Aragon, il n’a jamais fait mystère de son homosexualité. Bref, rien de commun avec les présumés nervis et autres crânes rasés, moitié hooligans, moitié psychopathes, que la gauche s’acharne à ressusciter, comme le Golem de Prague, histoire de s’offrir des frissons à bon compte.

    Chacun d’eux est entré en dissidence selon son tempérament. Millet de façon tonitruante, avec la vigueur d’un polémiste redoutable. Camus avec la politesse exquise d’un homme de l’Ancien Régime. Ils auraient pu poursuivre l’écriture d’une oeuvre exigeante, loin de l’agitation médiatique, mais ils ont choisi de dire la vérité, suivant en cela l’exhortation de Péguy : « Qui ne gueule pas la vérité, quand il la sait, se fait complice des menteurs et des faussaires ! » Qu’est-ce que la vérité, chipoteront les sceptiques, en souvenir d’un célèbre procurateur de Judée mort il y a deux mille ans ? Pour qui veut la connaître, rien de plus simple, selon Millet : il suffit pour cela d’emprunter le RER à Châtelet-Les Halles le soir. Une expérience somme toute ordinaire.

    Scandale ! Et le Monde, sous la plume de Raphaëlle Rérolle, de réclamer à mots couverts, sur le ton “feutré de l’édition”, son limogeage des éditions Gallimard. Du temps de l’affaire Kravtchenko et des procès de Moscou, cela s’appelait une “purge”.

    C’est dans ce contexte que le titre de l’un des trois livres de Millet prend tout son sens : De l’antiracisme comme terreur littéraire.

    Petit florilège. Sylvain Bourmeau (directeur adjoint de Libération) à propos de Millet : « Je me demande une nouvelle fois comment Gallimard peut accepter de publier ça. » Jérôme Garcin, à propos de Camus : « On se demande pourquoi un éditeur publie ça. » Notez bien le “ça”, sur lequel Freud et Lacan auraient eu beaucoup à dire. Plus prudente, Raphaëlle Rérolle attend le retour de vacances d’Antoine Gallimard, le patron de Millet, pour savoir ce qu’il en fera. Une logique inquisitoriale qui renoue bel et bien avec les défuntes pratiques soviétiques, en démasquant chez l’un une “xénophobie apocalyptique” et chez l’autre un “laborieux taxidermiste de la langue”. Il ne manque plus que l’inoxydable “hyène dactylographe” des années Jdanov !

    D’hier à aujourd’hui, la répression a changé de nature. On n’envoie plus les gens au goulag, mais comme le remarque Millet, on leur fait subir « l’opprobre ». Tout ce qui touche, de près ou de loin, à la critique du multiculturalisme est soigneusement prohibé. On en parle comme Tartuffe parlait de la poitrine de Dorine : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. […] cela fait venir de coupables pensées. » Immortel Molière, qui aurait droit à la même cabale des dévots.

    L’un des plus grands spécialistes de l’URSS, Martin Malia, cité par Renaud Camus dans le premier numéro des Cahiers de l’Innocence (éditions David Reinharc, 2012) qui met à l’honneur la dissidence, disait du marxisme-léninisme qu’il n’est pas une attaque contre les abus du capitalisme, mais contre la réalité. Tentative condamnée sur le long terme, « mais qui sur une certaine période réussit à créer un monde surréel défini par ce paradoxe : l’inefficacité, la pénurie et la violence y sont présentées comme le souverain bien ». Il y a un peu de cette analyse dans le dernier livre d’Élisabeth Lévy, la Gauche contre le réel. Ou comment le “déni de réel” s’est métamorphosé en “délit de réel”. Car il ne suffit plus d’escamoter la réalité, encore faut-il la rendre illégale, à Moscou comme à Paris.

    Or, pour appréhender le réel, rien ne vaut le langage de la vérité, et pour cela, revenir aux dénominations exactes, comme nous y invitait sagement Confucius, à quoi s’emploient Millet et Camus, au grand scandale des nouveaux dévots qui ont peur de la pseudo-réalité qu’ils ont créée et dont ils ne savent si elle sera multiraciale ou multiraciste, sinon probablement les deux. Tout, donc, plutôt que la vérité. D’où le règne actuel du non-dit, de la dénégation ou encore de l’antiphrase (la grande figure de style des univers totalitaires décrits par George Orwell) : le blanc, c’est le noir ; la liberté, c’est la censure. C’est ainsi que l’on a créé cette novlangue de l’antiracisme – l’espéranto de la mondialisation – qui rappelle à s’y méprendre la langue de bois soviétique et que Millet et Camus déconstruisent brillamment. Ce qui leur vaut les foudres de la police de la pensée – pour un temps seulement. Car comme le dit Martin Malia, ce « monde surréel » ne peut pas durer. Les dissidents le savaient, qui, du fond de leur nuit, se répétaient, à l’instar d’une prière, le mot de Mikhaïl Boulgakov dans son grand roman le Maître et Marguerite : « Les manuscrits ne brûlent pas. » Surtout quand les éditeurs sont courageux !

    Répondant aux inquisiteurs qui le sommaient de licencier Richard Millet, Antoine Gallimard leur a opposé une fin de recevoir sans équivoque : « Millet a toujours été un lecteur éditeur de qualité, attentif, et n’a jamais failli à son professionnalisme, ni fait jouer ses convictions idéologiques dans ses recommandations littéraires », déclarait-il le 31 août à l’Express. Avant de préciser que s’il ne partageait pas les convictions de Millet, il lui reconnaissait le droit de les exprimer. Voltaire, heureusement, a toujours des disciples.

    François Bousquet ( Valeurs actuelles, 6 septembre 2012)

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  • Le retour des Gaulois...

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    Le numéro de juillet-août 2012 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré aux Gaulois. On pourra y lire, notamment, des articles de Philippe Conrad ("La Gaule redécouverte", "La Gaule romanisée" ), de Jean-Louis Bruneaux ("Sanctuaires, druides et dieux"), de Michel Thibault ("Druides d'hier et d'aujourd'hui"), de Yann Le Bohec ("La conquête de César"), de Mickaël Fonton ("Les deux batailles d'Alésia"), de Jean Kappel ("Comment ils sont devenus nos ancêtres"),  de François-Laurent Balssa ("Pourquoi ils ne sont plus nos ancêtres") et de François Bousquet ("Henri Vincenot, le dernier Gaulois").

    Hors dossier, on pourra aussi lire des articles de Julien Thouéry ("Zone euro : dans la tourmente espagnole"), de Michel Marmin ("Jeanne d'Arc illumine le septième art"), de François-Laurent Balssa ("Georges Steiner, l'inimitable professeur"), d'Henri Soldani ("1917, année de tous les dangers")ou d'Arnaud Guyot-Jeannin ("Gustave Thibon, mystique réaliste"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour ("Le roi est nu").

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  • La diabolisation continue !...

    Le nouveau numéro de la revue Eléments (n°144, juillet - septembre 2012) sera en kiosque demain.

    Des entretiens, des débats, des polémiques, de nouvelles plumes, un style incisif, une iconographie superbe et des couvertures percutantes... La nouvelle formule d'Eléments, lancée depuis un an sous la houlette de Pascal Esseyric et de Patrick Péhèle tient toutes ses promesses ! Nous ne pouvons donc que vous inciter à vous procurer sans tarder ce dernier numéro consacré aux dernières opérations de la police de la pensée contre la Bête néo-réactionnaire ou gaucho-lepéniste...

    Vous pouvez aussi le commander ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

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    Au sommaire :

    Éditorial

    « Être ou ne pas être (réac) », par Robert de Herte

    Forum, vous nous écrivez ...

     

    L'entretien:

    Maurice Cury: Le concept de « culture nationale»

     

    Cartouches

    L'actualité des idées, des sciences, du cinéma, des arts et des lettres

    Retour à Jean-Jacques Rousseau, par Michel Marmin

    Faits et gestes

    Littérature

    Le polar vu par Pierric Guittaut

    La chronique cinéma de Ludovic Maubreuil

    Humeur d'Armand Grabois

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Économie, religions, philosophie... par Alain de Benoist

    Sciences, par Bastien O'Danieli

     

    Le combat des idées

    Mémoire vive un demi-siècle d'engagement Corée du nord, par David L'Épée

    La main invisible contre le peuple, par Olivier François

    L'écologisme de marché, par Jean de Lavaur

    Pacifisme intégral? Plus que jamais!, par Robin Turgis et Flora Montcorbier

     

    Dossier

    La diabolisation continue!

    Néo-réacs: combien de divisions? , par Pascal Eysseric

    La doxa libérale du PS passée au crible, par Pierre Le Vigan

    Le combat pour la littérature française, par Michel Marmin et Rémi Soulier

    Contre, tout contre Muray, par François Bousquet

    Comment résister à l'idéologie du progrès, par Luc-Olivier d'Algange

    Renaud Camus, un « néo-réac »? Propos recueillis par Pascal Esseyric

    Georges Mathieu et moi, par Michel Marmin

     

     

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  • A propos des nouvelles sanctions occidentales contre l'Iran...

    Alain de Benoist, directeur des revues Nouvelle Ecole et Krisis et éditorialiste de la revue Eléments, répond aux questions de la radio iranienne francophone, IRIB, à propos des nouvelles sanctions occidentales prises contre l'Iran. Alain de Benoist a récemment publié un livre d'entretien avec François Bousquet, intitulé Mémoire vive (De Fallois, 2012).

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  • Des racines et des elfes...

    Le huitième numéro de la revue Livr'arbitres est diponible et comporte un dossier consacré à Henri Vincenot. On pourra y lire, notamment, des articles de Thierry Marignac, Xavier Eman, François Bousquet, Jacques Aboucaya, Michel Mourlet, Alain Paucard, Fabric Lesade,Jean-Paul Angelelli et Francis Bergeron. 

    La revue peut être commandée sur son site :  Livr'arbitre, la revue du pays réel.

     

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  • Que reste-t-il de la Ve République ?...

     

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    Le numéro de juin 2012 de la revue Le spectacle du monde est en kiosque. 

    Le dossier est consacré à un hommage à la Ve République. On pourra y lire, notamment, des articles de Eric Branca ("Du peuple "souverain" au peuple témoin"), de Julien Thouéry ("D'une révision l'autre"), de François-Laurent Balssa ("Changer de République ou changer la démocratie"), de François Bousquet ("L'exemple suisse") et d'Alain de Benoist ("Qu'est-ce qu'une constitution ?"), ainsi que deux entretiens, l'un avec Marie-France Garaud ("Les partis ont repris le pouvoir") et l'autre avec Anne-Marie Le Pourhiet ("L'Etat et sa souveraineté se vident de plus en plus de leur substance").

    Hors dossier, on pourra aussi lire des articles d'Alain de Benoist ("Jean-Jacques Rousseau, un moderne anti-moderne") ou d'Olivier Maulin ("Pierre Benoit, romancier au long cours"). Et on retrouvera aussi  les chroniques de Patrice de Plunkett et d'Eric Zemmour ("Coup de bambou").

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